Les chroniques de la Tunisie. 7 fevrier 2013

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LES CHRONIQUES DE LA TUNISIE. 7 fevrier 2013.

Ennhada refuse la formation d'un gouvernement tunisien restreint

TUNIS (Reuters), 7.02. 2013. - Le parti islamiste Ennhada, principale formation politique en Tunisie, a refusé jeudi la dissolution du gouvernement voulue par le Premier ministre Hamadi Jebali, issu de ses rangs, et veut poursuivre les discussions sur un éventuel remaniement.
"Le Premier ministre n'a pas sollicité l'opinion de son parti", a déclaré le vice-président d'Ennhada, Abdelhamid Jelassi
"Nous croyons nous à Ennhada que la Tunisie a besoin aujourd'hui d'un gouvernement politique (...) Nous allons poursuivre les discussions avec les autres partis sur la formation d'un gouvernement de coalition", a-t-il ajouté.
Hamadi Jebali a annoncé mercredi sa décision de former un "gouvernement de compétences nationales" composé de technocrates "n'appartenant à aucun parti et travaillant pour l'intérêt de la Nation".
Il a également promis d'organiser rapidement des élections pour tenter de calmer les violentes manifestations provoquées par l'assassinat du dirigeant de l'opposition laïque Chokri Belaïd.
Hqamadi Jebali est l'un des fondateurs d'Ennhada et demeure son secrétaire général.

Assassinat de l'opposant tunisien Chokri Belaïd : sa veuve témoigne

DOCUMENT BFMTV - A peine quelques heures après la mort de Chokri Belaïd, un opposant tunisien, sa veuve Besma Khalfaoui raconte au micro de BFMTV un homme courageux et combatif.
Besma Khalfaoui est dévastée. Voilà 24h qu'elle reçoit les amis et la famille de Chokri Belaïd, l'opposant tunisien assassiné mercredi, qui viennent lui présenter ses condoléances. Les traits tirés, Besma Khalfaoui raconte à BFMTV un homme qui "savait qu'il pourrait mourir comme ça", mais qui lui répétait malgré tout de "ne pas avoir peur".
Agé de 48 ans, Chokri Belaïd est mort mercredi après avoir reçu plusieurs balles à bout portant, alors qu'il sortait de son domicile de Tunis. Avocat brillant, il a fondé le Front populaire tunisien, et était un farouche adversaire d'Ennahda.
Sa veuve et ses amis sont aujourd'hui persuadés que c'est ce même parti qui est à l'origine de sa mort. Ils réclament une journée de deuil national.
Deux ans après la révolution, la Tunisie est de nouveau confrontée à son destin politique. Le pays s’est embrasé, ce mercredi, après l’annonce de l’assassinat par balles, tôt dans la matinée, d’un des leaders de l’opposition du pays, Chokri Belaïd.
Aussitôt pointé du doigt par la population, Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, s’est dédouané de la responsabilité de ce crime politique, en le condamnant. Mais la foule rassemblée devant le ministère de l’Intérieur, à Tunis, a réclamé la "chute du régime".

Tunisie : les raisons de la colère contre Ennahda

Assassiné le 6.02., Chorki Belaïd était un opposant très vif du gouvernement islamiste. Sa mort met en lumière la position ambigüe du parti islamiste au pouvoir à l'égard de la violence qui s'est emparée de la société tunisienne, notamment via les milices d'Ennahda.
Depuis 24 heures, en Tunisie, la foule scande sans relâche sa colère, après l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd. Dans les cris, on peut notamment entendre "Ennahda, tortionnaire du peuple".
Ennahda, c’est le parti au pouvoir. Un mouvement islamiste légalisé le 1er mars 2011 par le gouvernement d’union nationale, juste après la révolution.
Pour les manifestants, ce sont les milices politiques d’Ennhada qui sont responsables de l’assassinat de Chokri Belaïd, et de toutes les attaques contre l’opposition ces derniers mois. Ces milices, ce sont les ligues de protection de la révolution. Des hommes que le numéro 1 d’Ennahda, Rached Ghannouchi, a même surnommé "la conscience de la révolution".
Une lutte au sein d'Ennahda
Cette escalade de la violence serait liée à une lutte intestine au sein même du parti islamiste, confronté à une forte impopularité dans le pays.
Une guerre de clan avec d’un côté l’aile dure, salafiste, de Rached Ghannouhci, qui prône la force pour conserver le pouvoir. De l’autre, l’aile laïque, libérale, qui souhaite se diriger vers un régime musulman modéré de type turc.
La veille de sa mort, Chokri Belaïd lui même avait dénoncé la création des milices par l’Etat. Ils les accusait de terroriser les citoyens et entraîner le pays dans une spirale de violence.


Tunisie : le contre-coup d'Etat du Premier ministre Jebali
Surprenante, la volte-face d'Ennahda au pouvoir en Tunisie, après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd ? Analyse du spécialiste géopolitique de BFMTV.

Harold Hyman. Le 07/02/2013   
Ennahda était en train de transformer la Révolution de Jasmin en mimique de Révolution islamique à l'iranienne. Voilà ce que pensait l'opposition jusqu'à l'assassinat de Chokri Belaïd. Les milices, la police secrète, la Constitution qui change, la brève alliance avec des éléments nationalistes et libéraux, la méthode des mollahs perses étaient là. Les démocrates et gauchistes, et une bonne dose de gens de l'ancien régime (sans sang sur les mains) se dressaient devant eux, chaque jour plus décidés.
Des gros bras aux petits flingues
L'assassinat de Chokri Belaïd est du travail de professionnel, de tueur entraîné à l'arme de poing. Aucune trace d'attentat-suicide. Donc le tueur n'était pas à la recherche de ce carnage qui caractérise al-Qaïda.

La violence politique montait en Tunisie, un membre de Nidaa Tounès a été tabassé à mort à Tataouine en octobre, et un meeting politique de Nidaa Tounès a été perturbé le 22 décembre 2012, sans que la police daigne venir à temps.

Ces événements sont parlants. Car dans les deux cas, les militants d'une certaine Ligue de Protection de la Révolution, qui malgré son nom est fortement empreinte d'islamisme, ont sévi. La police n'a rien fait. Le parti Ennahda n'a jamais reconnu le lien entre lui-même, les militants, et les deux morts. La Ligue est un genre de Garde révolutionnaire. Pasdaran ? Basidji ? Voilà les parallèles.
La phase de la liquidation publique
Digne d'un crime d'État dans une bonne vieille dictature des années 70, l'assassinat de Chokri Belaïd a ouvert les yeux de bien du monde à Tunis et en France : Ennahda, malgré ses dénégations, pouvait être lié moralement à cet acte insensé.

À tout le moins, le parti ne se donnait pas la peine d'empêcher ce genre de chose, pouvait-on penser. Difficile de ne pas soupçonner sa participation active à l'assassinat. Ou bien l'on pense à l'assassinat politique, lorsque le dictateur émergent dit : "Untel me gêne, il faudrait qu'il se taise", et ses sbires de faire le reste sans ordre écrit.
La phase de marche arrière toute du Premier ministre Jebali
Un homme d'Ennahda n'a jamais pleinement partagé les visions maximalistes de l'ex-groupe des exilés de Londres, Rached Ghannouchi en tête. Hamadi Jebali, 16 ans derrière les barreaux et bien souvent en solitaire, passait pour un islamiste sans violence, sans contrainte. On me dit que depuis bien longtemps il était en délicatesse avec les Londoniens.

Et voici qu'il retourne la situation, dans un changement de cap radical : il rend des ministères de souveraineté à des technocrates, et appelle des élections anticipées ! Il finira par laver son parti de tout soupçon, et ceci, même s'il perd les élections. Les Londoniens ne vont pas apprécier.

EN DIRECT - Tunisie : quelle est la stratégie d'Ennahda ?
L'assassinat de l'opposant politique tunisien Chokri Belaïd a provoqué une vague de colère dans tout le pays, mercredi. Au lendemain de sa mort, la Tunisie vit ce jeudi une étape décisive.
L'assassinat de l'opposant politique tunisien Chokri Belaïd a provoqué une vague de colère dans tout le pays, mercredi. De nombreuses violences ont émaillé les manifestations qui se sont déroulées dans tout le pays. Au lendemain de cet assassinat politique et alors que le gouvernement a annoncé mercredi soir sa dissolution, la Tunisie vit ce jeudi une étape décisive.
7h45 - La stratégie d'Ennahda
Surprenante, la volte-face d'Ennahda au pouvoir en Tunisie, après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd ? L'analyse d'Harold Hyman, spécialiste géopolitique de BFMTV.
7h30 - Ennahda, un parti aujourd'hui honni
Bureaux saccagés et brûlés, accusation d'être derrière l'assassinat de Chokri Belaïd... Pourquoi les Tunisiens s'en prennent-ils aujourd'hui au parti islamiste qu'ils ont pourtant porté au pouvoir en 2011 ? Eléments de réponse en vidéo :
7h15 - "La Tunisie est confrontée à un choix entre deux modèles de pouvoir"
"C'est la confiscation de la révolution par les islamistes qui est aujourd'hui contestée, explique Ulysse Gosset sur BFMTV. La Tunisie est confrontée à un choix entre deux modèles de pouvoir : un pouvoir islamiste et un pouvoir démocratique".
7h - La veuve de Chokri Belaïd se confie à BFMTV
Besma Khalfaoui est dévastée. Voilà 24h qu'elle reçoit les amis et la famille de Chokri Belaïd, l'opposant tunisien assassiné mercredi, qui viennent lui présenter ses condoléances. Les traits tirés, Besma Khalfaoui raconte à BFMTV un homme qui "savait qu'il pourrait mourir comme ça", mais qui lui répétait malgré tout de "ne pas avoir peur".
6h45 - "Se poser la question : à qui profite le crime ?"
Invité de BFMTV jeudi matin, Antoine Sfeir, spécialiste du Moyent-orient et directeur des Cahiers de l'Orient, a appelé à la prudence. "Chokri Belaïd a été assassinat juste devant chez lui. N'est-il pas trop tôt pour accuser Ennahda (le parti au pouvoir) ? Des membres de l'ancien régime n'ont-ils pas intérêt à entraver la transition politique de la Tunisie ?", s'est-il interrogé.
6h30 - Un tournant dans la politique tunisienne
Chokri Belaïd, une des figures de l’opposition tunisienne, a été assassiné mercredi à la sortie de son domicile. Ce crime a provoqué la colère des Tunisiens, descendus dans les rues par milliers pour manifester et accuser le parti islamiste au pouvoir. Dans la soirée, le gouvernement a annoncé sa dissolution et la formation d'un nouveau gouvernement. La Tunisie est-elle en train de vivre un nouveau tournant de sa vie politique ? Réponse avec notre décryptage.

Assassinat de Chokri Belaïd : un tournant dans la vie politique tunisienne

Chokri Belaïd, une des figures de l’opposition tunisienne, a été assassiné ce mercredi, à la sortie de son domicile. Ce crime a provoqué la colère des Tunisiens, descendus dans les rues par milliers pour manifester et accuser le parti islamiste au pouvoir. Dans la soirée, le gouvernement a annoncé sa dissolution.
Adrienne Sigel
Le 06/02/2013   
Deux ans après la révolution, la Tunisie est de nouveau confrontée à son destin politique. Le pays s’est embrasé, ce mercredi, après l’annonce de l’assassinat par balles, tôt dans la matinée, d’un des leaders de l’opposition du pays, Chokri Belaïd.
Aussitôt pointé du doigt par la population, Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, s’est dédouané de la responsabilité de ce crime politique, en le condamnant. Mais la foule rassemblée devant le ministère de l’Intérieur, à Tunis, a réclamé la "chute du régime".
La Tunisie est-elle en train de vivre un nouveau tournant de sa vie politique ? Eléments de décryptage.

Qui était Chokri Belaïd ?

Gauche laïque. A la tête du Mouvement des patriotes démocrates, un parti d’extrême-gauche légalisé en mars 2011, après la révolution, Chokri Belaïd était une figure de l’opposition laïque tunisienne.
Âgé de 48 ans, ce farouche opposant aux islamistes d’Ennahda, le parti au pouvoir, était devenu une personnalité politique très médiatisée. Il représentait notamment le Front populaire tunisien, coalition de groupuscules d’extrême gauche, qu’il avait constituée en octobre 2012.
Avocat. Chokri Belaïd était également un ténor du barreau de Tunis. Avant la chute du régime, début 2011, cet avocat défenseur des droits de l’Homme a souvent plaidé dans les procès politiques et a connu la prison, sous les ères Ben Ali et Bourguiba.
Etait-il menacé ?
Menaces non signées. Depuis quelques temps, Chokri Belaïd se sentait menacé, à en croire les témoignages de son entourage.
Un de ses voisins, Morad, a expliqué à Europe 1, ce mercredi matin, que le leader de l’opposition s’était entouré d’un garde du corps, "il y a trois ou quatre mois", après avoir "reçu des menaces". "Elles n'étaient pas signées, mais des connotations indiquent qu'il s'agit d'islamistes radicaux", a précisé Morad.
Le président tunisien savait. Des médias tunisiens ont rapporté, dans l’après-midi, que Moncef Marzouki était au courant des menaces qui pesaient sur le leader d’extrême-gauche, sans toutefois signifier de quel bord elles provenaient. D’après Mohamed Jmour, un des dirigeants du parti Démocratique national unifié, le président tunisien avait même prévenu Belaïd des intentions d’assassinat qui le visaient.
Dénonciations. Ce qui ne l’empêchait pas de continuer à critiquer le pouvoir en place. Ces derniers jours, Belaïd s’en était pris à deux reprises à Ennahda.
Le 2 février, il avait en effet accusé des "mercenaires" du parti d’avoir attaqué un rassemblement de ses partisans. Le 5 février au soir, la veille de son assassinat, il avait dénoncé à la télévision des "tentatives de démantèlement de l’Etat" et "la création de milices pour terroriser les citoyens".
Qui se cache derrière cet assassinat ?
"Crime prévisible". Si les récentes critiques formulées par Chokri Belaïd à l’égard d’Ennahda peuvent laisser imaginer un désir d'élimination, aucune preuve ne permet, pour l’heure, de certifier que le parti au pouvoir est à l’origine de ce crime.
Pas de protection. Pour l’ancien Premier ministre et chef du parti d’opposition de centre-droit Nida Tounes, Beji Caïd Essebsi, interrogé par L’Express, cet assassinat était "prévisible". Selon lui, plusieurs responsables de l’opposition ont reçu des menaces de mort, depuis quelques mois. Et d’expliquer : "En ce qui me concerne, à la suite de ces menaces, le ministère de l'Intérieur a dépêché une brigade motorisée chargée d'assurer ma protection. Mais Chokri Belaïd, lui, ne disposait d'aucun dispositif comparable. Ses prises de position radicales le plaçaient pourtant tout en haut de la liste".
Ennahda accusé par la population. Les manifestants descendus dans les rues tunisiennes ce mercredi, se sont violemment attaqués aux locaux d’Ennahda. Le parti islamiste s’était empressé, peu après l’annonce de la mort de Chokri Belaïd, de s’en dédouaner.
Selon Mokthar Trifi, président d’honneur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, ces vandalismes traduisent un raz-le-bol général face aux méthodes anti-démocratiques du pouvoir et s’expliquent par le fait qu’Ennahda a "couvert tous les actes de violences qui ont été commis auparavant contre les opposants politiques".
> Quel avenir pour la Tunisie ?
Dissolution. Crainte d'un "hiver arabe" ou abdication face à des mois de crise politique ? Le Premier ministre, Hamadi Jebali, est intervenu à la télévision, ce mercredi soir, pour annoncer la dissolution du gouvernement en place et la tenue d'élections "dans les plus bref délais", après une unique journée de manifestations et de slogans anti-régime.
Responsabilité du gouvernement. Invité de BFMTV, l'ambassadeur de Tunisie à Paris, Adel Fekih, avait rappelé, quelques instants avant cette annonce du Premier ministre, que la mort de Belaïd a constitué le premier assassinat politique depuis la chute de Ben Ali.
"Je pense qu'il y a une part de responsabilité du gouvernement", a-t-il dit. Et de conclure : "Nous avons vu une escalade de la violence ces derniers mois. Il y a des choix politiques qui auraient dû être pris avant".

Tunisie : un gouvernement apolitique sera formé

Le Premier ministre tunisien a annoncé mercredi soir la formation d'un nouveau gouvernement, après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd qui a déclenché une vague de violences dans le pays.
"Le peuple veut la chute du régime !" Le slogan a résonné toute la journée de mercredi dans les rues de Tunis, après l'assassinat dans la matinée de l'opposant Chokri Belaïd. Et après une journée de contestations et de violences, le gouvernement pourrait bien l'avoir entendue.
Dans une allocution télévisée mercredi soir, le Premier ministre tunisien, l'islamiste Hamadi Jebali, a ainsi annoncé la formation d'un "gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique".
Nouvelles élections "dans les plus brefs délais"
Ce gouvernement, a-t-il précisé, "aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays jusqu'à la tenue d'élections dans les plus brefs délais."
Abattu par balles devant son domicile, Chokri Belaïd ne mâchait pas ses mots contre le parti islamiste Ennahda, qui avait été porté au pouvoir après la révolution de janvier 2011. Les proches de la victime avaient aussitôt accusé Ennahda d'être à la source de ce premier assassinat politique depuis la révolution, provoquant des manifestations de colère dans le pays.


PORTRAIT - Tunisie : qui était Chokri Belaïd ?
Une figure de l'opposition tunisienne a été tuée par balles mercredi à Tunis.
Qui était Chokri Belaïd et pourquoi "dérangeait-il" ? Eléments de réponse.
Chokri Belaïd avait 48 ans quand il a été assassiné par plusieurs balles mercredi matin devant son domicile à El Menzah au nord de Tunis. Il a été transporté d’urgence à la clinique de la cité Ennasr, où il a succombé à ses blessures. Ses proches ont immédiatement accusé le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien. Focus sur ce fervent opposant au pouvoir en place.
Leader d'un parti d'extrême gauche
Avocat de profession, l’homme était une grande figure de l'opposition tunisienne. Il dirigeait le Mouvement des patriotes démocrates, un parti d’extrême gauche qui repose essentiellement sur la lutte des classes. Ce parti a été légalisé le 12 mars 2011, avant de fusionner un mois plus tard avec le Parti du travail patriotique et démocratique, qui se réclame du socialisme et de la classe ouvrière. Celui-ci a été fondé en 2005 et légalisé six ans plus tard.
Critique acerbe du gouvernement actuel, il avait rejoint cette année une coalition de partis de gauche, le Front populaire. Cette alternative au pouvoir en place regroupe douze partis politiques et associations de gauche mais aussi des nationalistes, des écologistes, ainsi que de nombreux intellectuels indépendants.
Régulièrement menacé
Même si les auteurs de son meurtre ne sont pour le moment pas connus, difficile de ne pas le lier à Ennahda. Le 31 décembre, Chokri Belaïd, a été attaqué par des milices qui seraient proches du gouvernement. Il avait à l’époque déclaré : "S'il m'arrive quoi que ce soit, c'est le ministère de l'Intérieur qui en sera responsable. Car, c'est à lui de protéger les citoyens, moi ou les autres".
Mais c’est plus récemment que les choses se sont accélérées. Le week-end dernier Chokri Belaïd a longuement pris la parole lors d’un meeting populaire. A la fin de son discours, "des barbus ont investi la salle de réunion. Ils ont eu à faire aux jeunes du parti qui les ont chassés de la maison de culture, les agresseurs ont jeté des pierres et brisé la devanture de la maison de culture. Certains militants ont été blessés", avait-il témoigné dans sa dernière interview donnée au quotidien tunisien indépendant Le Temps.
Chokri Belaïd avait assuré qu’il avait appelé le ministre de l’Intérieur. Mais que celui-ci n’avait pas décroché.

Replique. Rep75, l
Les islamistes du parti Ennahda déjà en difficulté pour de multiples raisons n'avait aucun intérêt à la mort de cette personnalité de gauche. La coalition gouvernementale travaillée par de multiples tensions, est déjà en péril. M; Bélaid étant un athée déclaré, il est à craindre que la mouvance salafiste , pour qui est le chaos est une nécessité, soit clairement derrière cette odieux assassinat....

Plusieurs partis politiques condamnent, dans des déclarations rendues publiques, mercredi, l'assassinat de Chokri Belaid, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié.
Tout en appelant à la "retenue", ils imputent la responsabilité au gouvernement et à l'Assemblée nationale constituante (ANC).
Le parti Al Qotb appelle « le gouvernement du mouvement Ennahdha » a assumer, entièrement, ses responsabilités pour arrêter les auteurs et les responsables de ce crime et à « reconnaître son échec à réaliser la sécurité des Tunisiens ».
Il appelle, également, les membres de l'ANC a « assumer leurs responsabilités historiques pour dévoiler ces crimes et agressions répétées ».
De son coté, le Mouvement de l'unité populaire fait savoir que ces actes « terroristes » perpétrés par certains courants politiques pour atteindre leurs objectifs en « étouffant les voies discordantes » ne les fera pas reculer pour crier fort leur opinions.
Le mouvement Wafa appelle à faire preuve de vigilance et de retenue appelant les autorités publiques à ouvrir une enquête « sérieuse » pour dévoiler les auteurs de ce « crime politique » et les traduire devant la justice.
Le Mouvement démocratique pour la réforme et l'édification exige d'« ouvrir dans l'immédiat une enquête sérieuse, de punir fermement les auteurs de ce rime » et de protéger les dirigeants des partis. Il considère que la démocratie et la liberté intellectuelle demeurent aujourd'hui menacés.
 
Le Parti des jeunes libres affirme que le défunt Belaid est victime d' « un crime politique par excellence ».

Il appelle, dans ce sens, le ministère de l'intérieur à assumer son entière responsabilité a dévoiler l'identité des criminels dans les plus brefs délais et à arrêter les gangs qui disposent d'armes en Tunisie.

Pour sa part, le parti « Les verts pour le progrès » fait observer que la Tunisie n'a jamais connu depuis l'indépendance un « tel crime sanglant » à l'encontre de l'un des éminents opposant sur la scène nationale et connu par ses critiques virulentes.

Le mouvement El Fadhila appelle le ministère de l'intérieur à fournir la protection nécessaire aux personnalités politiques pour éviter de tels crimes odieux invitant tous les politiciens à faire preuve de retenue, à rejeter toute forme de violence et à n'accuser aucune partie sans preuves matérielles.

Pour le parti Al Amen, ce qui s'est passé aujourd'hui est un signe dangereux relevant que le vrai criminel n'est pas seulement celui qui a planifié ou exécuté mais quiconque a incité et encouragé au fanatisme et au « takfir ».

Quant au parti "Al likaa" destourien, il considère que cet assassinat est la preuve de l'échec du processus actuel appelant le président de la République a décréter un deuil national et à ouvrir un dialogue national sur la violence politique en Tunisie" afin de parvenir à une feuille de route claire pour la prochaine période.

Le parti Al Moubadara (l'initiative) appelle tous les partis et la société civile et le peuple tunisien à la solidarité pour faire face à ce phénomène étranger à notre société tunisienne connue par « la tolérance et la modération ».

Le parti "Al watan" exhorte, quant à lui, toutes les sensibilités politiques et civiles à faire preuve de retenue et à être solidaires, estimant que le gouvernement a tardé à réagir à la violence politique qui est devenue selon lui " le plus grand danger dans le pays".

Le mouvement "El Binaa El Magharibi" souligne la nécessité d'ouvrir une enquête immédiate et d'oeuvrer effacement en vue d'identifier les circonstances de l'assassinat et d'intervenir à l'échelle internationale pour convaincre les partenaires régionaux et internationaux que les conséquences de l'éclatement de la situation en Tunisie seront lourdes pour tous sans exception".

A son tour, le parti du congrès populaire condamne cet assassinat et toutes les formes de violence appelant au calme, au dialogue national et au consensus général "pour le bien de la Tunisie et la préservation de sa stabilité et sa sécurité", lit-on dans sa déclaration.
http://www.babnet.net/cadredetail-60124.asp

Assassinat de Chokri Belaid : le grand dérapage !

Publié par Lotfi Larguet le 06 février 2013 
C’était dans l’air mais personne ne voulait voir la réalité en face, du moins ceux qui nous gouvernent et qui ont fermé les yeux, sciemment, sur les excès et les abus de toutes les formes possibles de violence imposées à la société tunisienne, aux citoyens, à son histoire et à tous les opposants quelque soit leur couleur.
Aujourd’hui, le meurtre politique par excellence, le second ayant suivi la révolution, vient démontrer que le laxisme, le laisser-aller que l’on peut assimiler sans risque d’erreur à de la complicité, sont les voies qui ont ouvert le chemin à tous les extrémistes religieux qu’ils ont envoyé parcourir les quatre coins de la République transmettre leurs discours haineux, rétrogrades et violents à des jeunes désœuvrés gonflés à bloc, armés de slogans manipulateurs et de kalachnikov aussi. Car, ces extrémistes se sont aussi dotés d’armes qui ont pu pénétrer le territoire national à l’instigation de bandes organisées mais tolérées par le parti majoritaire qui partage leurs croyances.
Lorsque tu écoutes un certain Mohamed Abbou déclarer aujourd’hui sur Mosaïque FM que le meurtre de Lotif Nakdh ne peut être comparé à celui de Chokri Belaid, c’est qu’il accepte, d’une certaine manière, les éliminations physiques des opposants, et à laquelle ses partisans ont participé à Tataouine. Ce qu’ignore aujourd’hui Mohamed Abbou, c’est que si les choses continuent d’évoluer dans ce sens, il sera lui aussi, bientôt victime de ceux qu’il protège aujourd’hui. A moins qu’il ne soit, en réalité, un islamiste caché ! Une déclaration scandaleuse d’un individu qui se veut protecteur des droits de l’homme !
Aujourd’hui, cet assassinat politique lâche et cruel peut avoir deux répercussions.
Tout d’abord et en ce qui concerne le gouvernement, il est impératif qu’il parte reconnaissant son échec total dans la gestion des affaires du pays tant sur le plan sécuritaire, qu’économique ou social. Des personnalités politiques ayant la responsabilité de la gestion des affaires de la cité, qui se respectent et qui respectent les citoyens, doivent s’assumer en démissionnant pour laisser la place à un gouvernement d’union nationale réelle fondé sur un consensus global se rapportant à toutes les valeurs de la république et de la société tunisienne que l’on veut jeter dans les ténèbres de l’histoire.
C’est là la première condition pour sauver le pays d’un dérapage incontrôlé.
La seconde est relative à la nécessité de dissoudre les Ligues de Protection de la révolution, et qui ne font, en fait, que protéger Ennahdha. Aujourd’hui encore, Sahbi Attig a déclaré sur France 24 que c’est à la justice de procéder à cette dissolution alors que le pouvoir exécutif dispose, en réalité, du lancement des procédures. Autrement dit, Ennahdha persiste et signe, et elle n’entend guère se passer de ses bras armés !
La troisième condition consiste dans l’union sacrée de toutes les forces vives et démocratiques du pays, la société civile, toutes les associations, les syndicats principalement l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens, les organisations estudiantines, les intellectuels, les artistes pour se lever comme un seul homme contre cette tentative d’introduire la peur dans les esprits, de terroriser les opposants et finalement de les éliminer.
Quant à la seconde répercussion, elle est relative à la situation sécuritaire dans le pays. Aujourd’hui, la tentation de vengeance est certainement grande du côté des partisans du défunt. Il est impératif là aussi que les leaders du Front Populaire calment le jeu et leurs jeunes pour éviter la violence incontrôlée ! Les déclarations de Hamma Hammami ont appelé au calme et à l’union de tous les tunisiens pour s’opposer à ce gouffre dans lequel on veut plonger le pays. La réaction du peuple tunisien est aujourd’hui claire. Les manifestations qui sont sortis dans tout le pays témoignent de la volonté des citoyens de préserver la paix civile. Mais, les Islamistes veulent-ils cela !?

Rached Ghannouchi publie une tribune dans «Le Monde» et «The Guardian»

Publié par Youssef le 14 janvier 2013 
L’événement du 14 Janvier s’est imposé de facto à tous et même à Rached Ghannouchi qui n’a pas manqué l’aubaine de se démarquer ou plutôt de marquer le coup en se positionnant comme un fin communicateur dans les médias occidentaux… Histoire de se poser en gardien de la Révolution !
«La Tunisie relèvera les défis de la démocratie», c’est sous ce titre que Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahda, a publié, aujourd’hui, date anniversaire de la Révolution tunisienne, une tribune sur les colonnes du journal français «Le Monde».
«We are building a Tunisia for all», c’est le titre de sa tribune publiée hier dans le journal «The Guardian».
Deux tribunes, en français et en anglais, qui transmettent un même message, celui d’un Rached Ghannouchi désireux de se poser en véritable père spirituel de cette Révolution qui semble à bout de souffle. Une stratégie de communication qui ne passe pas inaperçue car il est difficile de ne pas commenter ce qui est exprimé dans ces tribunes. A croire que c’est un monarque qui en est l’auteur !
Dans la tribune du journal «Le Monde», à titre d’exemple, c’est sous une facette soft et ouverte au dialogue que Cheikh Rached nous apparaît. «La Tunisie célèbre, le 14 janvier, le deuxième anniversaire du soulèvement de son peuple et de sa jeunesse contre la dictature. Grâce au sang de ses martyrs ainsi qu'aux sacrifices de générations de Tunisiens, elle est engagée dans un processus de fondation d'un régime et d'une société démocratiques.
Une facette tournée vers l’avenir alors qu’il y a quelques années, Cheikh Rached Ghannouchi avait tout tenté pour se rapprocher de Ben Ali. Et aujourd’hui, il veut faire converger vers un seul objectif, les sacrifices des générations passées, son exil et sa tentative de rapprochement de ZABA, ainsi que les martyrs. C’est ce qu’on appelle prendre le train en marche et se donner le titre de guide suprême qui lui permet de s’emparer d’une révolution déjà très esquintée.
«Les Tunisiens ont surtout réussi à démontrer la possibilité du rapprochement, de la coopération et du partenariat entre islamistes modérés et laïques modérés. Si l'opposition à la répression et à la dictature a permis un tel rapprochement avant le 14 janvier 2011 (comme l'a montré, par exemple, le collectif du 18 octobre 2005), nous sommes aujourd'hui, laïques et islamistes, engagés dans la construction des fondations de la démocratie en Tunisie. Ce partenariat demeure la seule voie pour assurer un progrès durable et une démocratie stabilisée, unifiée autour de la réalisation des véritables objectifs nationaux de la Tunisie», dit-il.
Mais est-ce bien une retranscription exacte de la réalité du terrain ? Les Tunisiens, sont-ils dans leur ensemble, un bloc soudé ? Comment expliquer alors l’existence de conflits, parfois violents entre partis et autres structures comme les ligues de protection de la révolution sans parler des milices qui ne portent pas encore leur nom ?
«La révolution tunisienne a non seulement transformé le visage de la Tunisie, mais elle a également déclenché un mouvement qui s'est étendu à l'ensemble des pays arabes. (…). Le "printemps arabe" est la réponse à une longue crise politique qui paralysait le monde arabe». Rached Ghannouchi veut, en ce sens, baliser le chemin à une autre forme de démocratie, celle des islamistes, ouvrant par conséquent, comme il le dit, «une nouvelle page dans les relations extérieures de cette région avec le monde».
Que nous réserve donc Rached Ghannouchi ?

La Tunisie va former un gouvernement de technocrates

6 février 2013
C'est ce qu'a annoncé son Premier ministre après l'assassinat d'un opposant, qui a causé des violences dans tout le pays mercredi.
Libération
Le Premier ministre tunisien, l’islamiste Hamadi Jebali, a annoncé mercredi qu’il formera un «gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique» après l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd qui a déclenché une vague de violences en Tunisie.
«J’ai décidé de former un gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique qui aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays jusqu'à la tenue d'élections dans les plus brefs délais», a-t-il déclaré dans une adresse télévisée à la Nation.
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Hamdai Jebali n’a pas fixé de calendrier de refonte du gouvernement et compte garder la tête de ce nouveau cabinet qui devra être confirmé par l’Assemblée nationale constituante. Il n’a par ailleurs pas donné les noms des futurs ministres. Cette décision intervient alors que la coalition de laïcs de gauche et des islamistes d’Ennahda ne parvenaient pas depuis des mois à un compromis sur la distribution des ministères régaliens.
Hamadi Jebali a dit que la décision de former un cabinet de technocrates restreint avait été arrêtée avant le meurtre «odieux qui a choqué notre peuple».
«L’assassinat (de Belaïd) a accéléré ma prise de position pour laquelle j’assume ma responsabilité entière devant Dieu et devant notre peuple», a-t-il déclaré. Les alliés laïcs des islamistes réclamaient que des portefeuilles régaliens soient confiés à des indépendants ce à quoi la frange dure d’Ennahda se refusait.
Hamadi Jebali est considéré comme un modéré dans son parti et comme étant favorable à ce que la Justice et les Affaires étrangères soient sous le contrôle de personnalités apolitques.
Les nouvelles élections ne pourront pas avoir lieu avant l’adoption d’une Constitution dont la rédaction est dans l’impasse depuis des mois faute de compromis à la Constituante formée en octobre 2011.
La Tunisie a été secouée depuis l'été par plusieurs vagues de violences politiques et sociales, laissant craindre la déstabilisation du pays deux ans après la révolution qui a fait chuter le régime de Zine El Abidine Ben Ali.

La crise de régime
6 février 2013
De notre correspondante L’exécution, hier, d’une figure de la gauche a choqué le pays. Et contraint le Premier ministre islamiste à annoncer la formation d’un gouvernement «sans appartenance politique».
Par ELODIE AUFFRAY Correspondante à Tunis
Libération
Alors qu’il sortait de son immeuble, hier matin, dans le quartier de Menzah 6, à Tunis, Chokri Belaïd, secrétaire du Mouvement des patriotes démocrates (extrême gauche), a été tué à bout portant de trois balles, dont une dans la tête et une dans le cou. Son assassin a pris la fuite avec un complice à moto. C’est le Premier ministre en personne, Hamadi Jebali, qui a raconté l’assassinat de cette figure de l’opposition radicale qui, transportée dans une clinique, a succombé à ses blessures.
La nouvelle de sa mort a provoqué un immense choc dans tout le pays. Dans la soirée, le Premier ministre a même annoncé la formation d’un «gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique», autrement dit un cabinet de technocrates «qui aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays jusqu’à la tenue d’élections dans les plus brefs délais».
Immédiatement après que l’agression eut été rendue publique, des centaines de personnes, responsables de l’opposition, militants de la société civile et simples citoyens, ont afflué devant la clinique, avant d’escorter l’ambulance transportant la dépouille vers l’avenue Bourguiba, où des milliers de Tunisiens s’étaient aussi rassemblés. Devant le ministère de l’Intérieur, le cortège a appelé à la «chute du régime», les manifestants scandant : «Nous vivrons avec du pain et de l’eau, mais sans Ennahda. Le peuple veut une révolution de nouveau.» «Tout le monde refuse la violence», ajoutait un avocat. La foule, pourtant contenue, a été brutalement dispersée par la police à coups de gaz lacrymogènes. Des affrontements se sont ensuivis tout l’après-midi dans les rues adjacentes, entre les forces de sécurité tunisiennes et plusieurs milliers de protestataires, faisant au moins un mort du côté de la police.
«Une impunité totale». L’identité du meurtrier n’est pas connue et l’assassinat n’a pas été revendiqué, mais beaucoup tiennent le gouvernement, et plus particulièrement le parti islamiste Ennahda, pour responsable, sinon coupable. «On le pressentait, commentait dans le cortège la militante féministe Radia Belhaj Zekri. Depuis des mois, il y a des discours au vitriol, dans une impunité totale.» «La responsabilité de cet assassinat revient à ceux qui ont ignoré la réalité de la violence politique pendant des mois», dénonçait également l’élu d’opposition Iyed Dahmani.
Depuis plusieurs mois, les violences se multiplient. Elus et représentants de l’opposition sont de plus en plus souvent pris pour cible et leurs meetings attaqués. Militants laïques, syndicalistes et journalistes sont régulièrement agressés et les manifestations artistiques épisodiquement troublées. Mi-octobre, la violence politique a déjà fait un mort, à Tataouine (sud), lors d’une manifestation organisée par les Ligues de protection de la révolution, une nébuleuse associative qui s’est illustrée à de nombreuses reprises par sa défense musclée du gouvernement. Le défilé a dégénéré en bagarre générale, dans laquelle le responsable régional du parti Nida Tounes, bête noire des islamistes, a trouvé la mort. Ce week-end encore, deux réunions du Parti républicain ont été perturbées. Au Kef (nord-ouest), le congrès de la formation de Chokri Belaïd a été la cible d’une attaque d’islamistes, faisant 11 blessés. «Nous sommes devant une aile d’Ennahda qui refuse les élections et tient à garder le pouvoir en recourant à la violence», dénonçait Belaïd dans un article paru hier dans le quotidien tunisien le Temps.
L’opposition appelle depuis des mois à la dissolution des Ligues de protection de la révolution et accuse Ennahda de laxisme face aux salafistes. Mais «à chaque fois que nous essayons de parler de la violence, ils nous répondent que [les salafistes] ce sont nos fils, nos enfants», accuse Iyed Dahmani, en référence à des propos du chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi. Après l’attaque, en décembre, de militants de la centrale syndicale UGTT (lire ci-contre) par des membres des ligues, le président d’Ennahda a expliqué que ces derniers étaient la «conscience de la révolution».
Guerre de clans. Ces violences, qui ont atteint hier un point culminant avec l’assassinat de Belaïd, augmentent à mesure que la Tunisie s’enfonce dans l’impasse politique. Ennahda a longtemps refusé tout dialogue national avec Nida Tounes, la principale force de l’opposition laïque, avant de revoir quelque peu sa position dernièrement. Le remaniement du gouvernement annoncé hier soir était promis depuis juillet. Mais la «troïka» au pouvoir - coalition qui associe Ennahda à deux formations de centre gauche - ne parvenait pas à s’entendre, Ennahda refusant de céder des ministères régaliens. Le parti islamiste est traversé par une guerre de clans, qui oppose celui de Rached Ghannouchi, tenant d’une ligne dure, à celui du Premier ministre Jebali, personnalité appréciée par l’opposition. Fin janvier, ce dernier a paru s’affranchir en dressant un constat d’échec et posant un ultimatum aux trois partis de la coalition au pouvoir. En vain.
Confronté à une impopularité croissante, Ennahda s’est dépêché de réagir à l’assassinat de Belaïd, dénonçant un «crime odieux visant à déstabiliser le pays» et appelant à l’ouverture d’une enquête. Son chef, Rached Ghannouchi, a rejeté toute implication de son parti, imputant cet acte à des personnes qui «veulent un bain de sang». Même son de cloche du côté du président, Moncef Marzouki, qui a écourté hier son déplacement à Strasbourg.
De son côté, l’opposition appelle au calme. Le Front populaire (nouveau rassemblement des partis d’extrême gauche) et les trois principales formations de l’opposition laïque, Nida Tounes, le Parti républicain et al-Massar, appellent à une grève générale vendredi et suspendent leur participation à l’Assemblée constituante. La transition démocratique tunisienne a pris hier un sérieux coup et son avenir, soulignait l’opposant Iyed Dahmani, «est incertain».

«La Tunisie pourrait basculer dans la violence»
6 février 2013 
Interview Le philosophe Abdelwahab Meddeb dénonce les intimidations des islamistes au pouvoir.
Par MARC SEMO
Libération
Philosophe et universitaire engagé contre l’islamisme, cette «maladie de l’islam» selon le titre d’un de ses ouvrages les plus fameux, Abdelwahab Meddeb (1) analyse la montée des tensions dans son pays d’origine. Pourquoi l’opposition met-elle en cause Ennahda et notamment son chef, Rached Ghannouchi ? Depuis des mois, il utilise un double langage. Une vidéo le montrait lors d’une réunion avec des salafistes il y a quelques mois, leur déclarant qu’ils partagent le même projet...

Tendu
6 février 2013 
Par FRANÇOIS SERGENT
Libération
Le meurtre de l’opposant Chokri Belaïd est un véritable signal d’alerte pour la Tunisie. Les responsables de ce qui apparaît comme un assassinat politique ne sont pas connus, mais Belaïd dénonçait courageusement depuis des semaines les milices islamistes. La violence extrême s’installe dans ce pays qui fut le premier à se libérer de son dictateur. Les manifestations à travers toute la Tunisie, le retour précipité du président Marzouki, un laïc, montrent que le peuple mesure l’enjeu de cette exécution et la gravité de la situation. Comme en Egypte, la révolution s’abîme dans l’affrontement entre les intégristes et les opposants qui voient «leur» révolution confisquée. Aussi bien Ennahda, en Tunisie, que les Frères musulmans, en Egypte, entendent imposer leur ordre coranique, par la force si nécessaire, à leurs concitoyens. Alors que ni l’un ni l’autre de ces partis, vainqueurs certes d’élections libres dans des pays qui n’avaient connu que des dictatures, n’est majoritaire. A lire la pratique du pouvoir de ces mouvements, islamisme et démocratie ne sont pas compatibles. Faut-il pour autant enterrer ces printemps arabes, comme le veulent certains avec une Schadenfreude. Après des décennies de despotisme, l’apprentissage de la démocratie et de l’Etat de droit ne peut être que difficile, long et tendu. Espérons que la Tunisie, où est né le printemps arabe, continue à en être le modèle et non le tombeau.

Chokri Belaïd, bête noire des islamistes
6 février 2013 
Portrait L’avocat et militant marxiste de 48 ans abattu hier avait notamment plaidé dans l’affaire «Persepolis».
Par ELODIE AUFFRAY (à Tunis)
Libération
De tous les opposants à Ennahda, Chokri Belaïd était «le plus direct», estime une femme sous le choc. «C’était le plus agressif, ils ont visé un symbole», ajoute un syndicaliste. Moustache noire, béret, Belaïd, 48 ans, était un militant farouche, charismatique, qui sonnait souvent la charge contre les islamistes dans les médias. Quartier populaire. Il était le secrétaire général du Watad, le Mouvement des patriotes démocrates, d’obédience marxiste et panarabiste...

L’UGTT, premier résistant à Ennahda
6 février 2013
Alors que l’opposition appelle à la grève générale vendredi, la centrale syndicale assume depuis des mois son rôle de contre-pouvoir.
Par ELODIE AUFFRAY (à Tunis)
Libération
La grève générale revient à l’ordre du jour après le choc de l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd. Et cette fois pourrait bien être la bonne. Mi-décembre, la toute puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT) avait fait marche arrière au dernier moment. La petite place Mohamed-Ali, siège historique de la confédération syndicale, avait alors la couleur des jours de lutte. Des banderoles partout, des affichettes «nous sommes tous l’UGTT» collées aux murs...


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