Premiеre victoire

                PREMIЕRE VICTOIRE (ПЕРВАЯ ПОБЕДА)

   Au bout d’une semaine, Alisa avait pris possession des lieux et ;tait devenue une vraie petite ma;tresse de maison. Les enfants, m;me les plus petits, comprennent tout. Elle avait conscience d’;tre au centre de l’attention et prenait ses petits airs. Elle se pavanait fi;rement dans les pi;ces et nous toisait de sa petite taille. Puis elle se mit tout bonnement ; nous commander. Ni ma maman, sa Babouchka, ni les chats n’y ;chapp;rent.
Pour couronner le tout, elle ne voulait pas entendre parler de la sieste. Elle n’arrivait pas ; comprendre pourquoi elle devait aller se coucher alors que dehors le soleil brillait et que les hirondelles gazouillaient gaiement.
   A l’heure de la sieste, ses parents, Maman L;na et Papa Pacha en profitaient pour filer en douce. Ils pr;textaient quelque course ; faire ; l’ext;rieur, se pr;paraient ; la h;te et sortaient aussit;t. Alisa nous en faisait alors voir de toutes les couleurs surtout ; Babouchka et ; moi. Comme trop de couleurs me font tourner la t;te et que je suis de caract;re faible, je tentais moi aussi de prendre la poudre d’escampette.
 - Faut que j’aille au bureau, disais-je ; ma femme d’un air innocent. Mais mon ;pouse n’;tait pas tomb;e de la derni;re pluie et faisait barrage de son corps.
 - Tu auras tout le temps de travailler plus tard, disait-elle, va plut;t t’asseoir avec ta petite-fille et repose-toi avec elle.
   C’est ; mon ;pouse que revenait l’organisation du lit, moi, je n’;tais que son assistant. Au moment de la sieste, je me pr;tais au jeu avec enthousiasme, je d;pliais le canap; du salon, j’;talais les couvertures et installais les coussins au bout du lit. Mes « coussins de s;curit; », comme je les appelais. Ils devaient pr;server Alisa d’une ;ventuelle chute.
   Par terre, autour du canap;, je pla;ais des coussins de bien plus grandes dimensions qui faisaient partie de la dot de Babouchka.
 - On ne sait jamais, disais-je.
Puis ma femme et moi nous allongions sur le divan et nous installions Alisa au milieu. Mais elle avait bien d’autres id;es en t;te que de dormir. Elle se glissait entre nous, grimpait sur mon ventre, sautait dessus comme sur un trampoline en riant joyeusement. Je faisais mine de rien mais ma patience avait quand m;me des limites. En fait, elle ne restait pas tr;s longtemps sur moi, elle descendait de mon ventre pour gagner le bout du divan. Avec ma femme, nous nous efforcions de l’emp;cher de passer. Nous formions une barri;re apparemment infranchissable avec nos jambes jointes et tentions de la retenir. Bien que nous soyons grand-p;re et grand-m;re depuis peu nous n’en avions pas pour autant abandonn; nos activit;s sportives.
   Gr;ce aux remparts que formaient nos jambes, semblable ; une sorte de petit ring, nous ;tions s;rs que notre petite-fille n’irait pas bien loin. Mais nous nous mettions le doigt dans l’;il. Alicia s’av;rait tr;s vive pour son ;ge. Elle s’appuya d’abord sur notre rempart pour en v;rifier la solidit; mais comme ses efforts restaient vains, elle prit une d;cision inattendue. Elle saisit nos chevilles de ses petites menottes et les serra tant et si bien qu’elles en devinrent toutes blanches, puis elle balan;a sa jambe droite par-dessus nous, prit appui sur la gauche pour s’;carter du divan. Et d’une pouss;e soudaine, comme lorsque Valeri Brumel battit le record du monde de saut en hauteur, elle bascula par-dessus bord en un clin d’;il..
   Sa chute dura longtemps comme film;e au ralenti. Elle atterrit d’abord sur les coussins du divan, rebondit puis alla voler plus loin sur les coussins de Babouchka, ;tal;s sur le sol, et y plongea la t;te la premi;re.
Nous saut;mes d’un bond du divan.
 - Mon Dieu, qu’avons-nous fait ?
   Mais ; notre grand bonheur Alisa ;mergea indemne des coussins, elle nous regarda d’un air de triomphe et ;clata d’un rire cristallin.
Nous pouss;mes un soupir de soulagement. Gr;ce ; Dieu, il n’y avait rien de grave.
   Que ce soient Grand-P;re et Grand-M;re qui aient fait les frais de cette premi;re victoire, c’est une bonne chose mais ce n’est que le d;but d’une longue s;rie.
   Grandis bien, ma petite ch;rie, que tes r;ves se r;alisent. Ta grand-m;re et moi sommes tellement heureux !


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